Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/100

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» Le 2 septembre, nous arrivâmes sur les bords de l’Obi ; nous nous y embarquâmes, sur un gros bâtiment, avec nos bagages nos instrumens et nos ustensiles. L’Obi, l’un des plus grands fleuves de la Sibérie, a sa source dans le pays des Mongols ; il est formé de deux grandes rivières, nommées Bija et Katouna : il ne prend le nom d’Obi qu’à leur confluent qui se fait à Bisk. C’est depuis cette forteresse que les bords de l’Obi sont habités, et ses rivages sont bordés de quantité de slobodes. Bisk est une forteresse de frontière contre les Kalmouks : on voyage avec tant de sûreté dans ce pays-là, qu’on n’a pas besoin d’escorte.

» Il faut remarquer en passant que la plupart des villages de Sibérie tirent leur nom des paysans qui les ont bâtis : très-peu portent le nom du ruisseau sur lequel ils sont situés. À Oulibert, nous étions logés chez le fondateur même du village. Nous lui demandâmes son nom ; il s'appelait Kolesnikoff, mot russe, qui signifie en général un faiseur de roues, et qui désignait particulièrement un faiseur de roues à moulin : en sorte que ce paysan portait le nom de son métier. Cet homme était assez bon railleur ; il s’aperçut bientôt que nous étions étonnés que son village ne s’appelât point de son nom Kolesnikoff. « Les habitans, nous dit-il, sont des coquins trop glorieux pour me faire cet honneur de mon vivant. »

» Le 11, après avoir passé le Tom sur des