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pas, leur dit-il, vous pourrez le savoir, si vous le désirez, par l’impératrice Élisabeth. « Malgré les intrigues de Bestuchef, l’impératrice ne voulut jamais consentir que ces prisonniers (le comte de Lestoc et sa femme) fussent condamnés au knout. Tous leurs biens furent confisqués ; ils furent exilés en Sibérie, et enfermés dans des endroits différens, sans avoir la permission de s’écrire.

« Une chambre formait tout le logement de madame de Lestoc. Elle avait pour meubles quelques chaises, une table, un poêle, un lit sans rideaux, composé d’une paillasse et d’une couverture. Elle ne changea pas deux fois de draps dans la première année. Quatre soldats la gardaient à vue, et couchaient dans sa chambre….. Elle jouait aux cartes avec eux, dans l’espérance de gagner quatre ou cinq sous dont elle pût disposer. » Un jour qu’elle avait pris de l’humeur contre le premier officier de sa garde, ce brutal lui cracha au nez. Cette femme était pourtant d’une famille distinguée en Livonie ; elle avait été fille d’honneur de l’impératrice. Élisabeth fournissait douze livres de France par jour à l’entretien de chacun de ces deux prisonniers ; mais l’officier de garde, qui était le trésorier de cet argent, les laissait manquer de tout.

Ces deux époux furent cependant réunis dans le même château, où ils avaient plusieurs appartemens et un petit jardin à leur disposition. Dans cette nouvelle prison, madame de