Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/14

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du soin de l’arrière-garde. La résistance de ce jeune cacique fit voir que ces peuples, s’ils n’avaient pas des idées justes de la guerre, avaient du moins le sentiment de l’honneur. Il s’offensa de n’être pas au poste le plus avancé, et son chagrin fit naître une querelle qui ne fut apaisée que par la modération des officiers espagnols. En vain lui représenta-t-on que son poste était le plus honorable, puisqu’il était le plus dangereux, et que les insultes des Mexicains n’étaient à craindre qu’à la queue de l’armée : il répondit qu’un chef tel que lui devait toujours être à la tête, pour donner l’exemple à toutes les troupes, et qu’il voulait être le premier dans les moindres occasions, comme il promettait de l’être à l’assaut de Mexico. Son obstination allant jusqu’à menacer de quitter l’armée, Sandoval eut la complaisance de demeurer à l’arrière-garde avec lui pour donner tout l’honneur à ce poste. On marcha sans obstacle, quoiqu’à la vue des troupes mexicaines, qui n’osèrent descendre de quelques hauteurs éloignées. En approchant de Tezcuco, Chechimical demanda le temps de se parer de ses plus belles plumes et de tous ses joyaux, parce que, l’occasion de combattre ne pouvant être éloignée, le premier moment d’une si douce espérance devait être un temps de fête pour un soldat. Sandoval, à qui cette ardeur ne déplaisait point, et qui reconnaissait peut-être le caractère de sa nation dans un langage si noble, consentit à faire arrêter l’armée