Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/341

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si deux ennemis qui se sont connus se rencontrent dans un combat, il se fait entre eux des dialogues assez semblables à ceux des héros d’Homère. Il serait difficile de supposer un entretien de cette nature dans une mêlée aussi vive qu’on l’a décrite ; mais on conçoit que, dans les petites rencontres, au passage d’un ruisseau, ou vis-à-vis d’un retranchement qu’on veut forcer, les guerriers peuvent se défier par quelques bravades. Leurs guerres, dit le P. Charlevoix, se font presque toujours par surprise. Autant ils négligent les précautions qui peuvent les mettre à couvert, autant apportent-ils d’adresse et de soin à surprendre. Ils ont un talent qui approche de l’instinct pour connaître si l’on a passé dans quelque lieu. Sur les herbes les plus courtes, sur la terre la plus dure, sur les pierres même ils découvrent des traces certaines ; et par les moindres figures, par leur distance, ils distinguent non-seulement les vestiges des hommes de ceux des femmes, mais ceux des nations différentes. J’ai douté long-temps, dit le même voyageur, s’il n’y avait pas de l’exagération dans ce que j’en entendais raconter ; mais il ajoute qu’il ne pouvait refuser sa confiance à l’unanimité des témoignages.

S’il se trouve quelques captifs que leurs blessures ne permettent pas de transporter, ils sont brûlés aussitôt ; et cette exécution se fait dans la première chaleur de la victoire ; ou lorsqu’on est pressé de se retirer. Ils ont or-