Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/343

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ceux qui reçoivent cet honneur ; mais, en récompense, on les invite à caresser les captifs ; et les caresser, en langue de guerre, c’est leur faire tout le mal qu’on peut inventer. Cependant il se trouve des chefs qui les ménagent. Mais rien n’approche de l’attention qu’on apporte à les garder. Le jour ils sont liés par le cou et par les bras à une des planches du canot ; ou si la marche se fait par terre, ils sont menés à la chaîne. Pendant la nuit, on les étend nus au grand air, les jambes et les bras attachés à des pieux, et le cou si serré qu’ils ne peuvent remuer. D’autres cordes, qui leur serrent aussi les mains et les pieds, ont assez de longueur pour être passées sous leurs gardes ; de sorte qu’ils ne peuvent faire un mouvement dont on ne soit averti.

À quelque distance de la bourgade, les guerriers s’arrêtent, et le chef fait donner avis de son retour. Le député s’avance à la portée de la voix, et pousse différens cris qui donnent une idée générale du succès et des principaux événemens de la campagne. Il marque d’abord le nombre d’hommes qu’on a perdus par autant de cris de mort. Aussitôt les jeunes gens se détachent pour aller prendre d’autres informations ; souvent même toute la bourgade y court ; mais un seul homme aborde le député, apprend de lui les nouvelles qu’il apporte, et, se tournant à chaque fois vers ceux qui l’ont accompagné, il les répète d’une voix haute avec toutes leurs circonstances. On lui répond