Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/349

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guerre sont condamnés à la mort, ou tombent dans un esclavage fort dur, qui ne les assure jamais de la vie. Quelques-uns sont adoptés ; et dès ce moment leur condition ne diffère plus de celle des enfans de la nation. En entrant dans tous les droits de ceux dont ils occupent la place, souvent la reconnaissance ou l’habitude leur fait prendre de si bonne foi l’esprit national, qu’ils ne font pas difficulté de porter la guerre dans leur patrie. On observe que les Iroquois ne se sont soutenus que par la politique : leurs guerres continuelles avec la plupart des autres nations les auraient réduits presqu’à rien, s’ils n’avaient toujours naturalisé une partie de leurs prisonniers.

Quelquefois, au lieu d’en envoyer l’excédant à d’autres villages, on en donne à divers particuliers qui n’y avaient aucune prétention ; mais le pouvoir qu’on leur laisse sur eux ne les dispense pas de se conduire par l’avis du conseil. Un sauvage à qui l’on fait présent d’un esclave l’envoie prendre par quelqu’un de sa famille, et le fait attacher à la porte de sa cabane. Ensuite il assemble les chefs du conseil, et, leur déclarant ses propres intentions, il leur demande ce qu’ils en pensent. Ordinairement leur avis est conforme à ses désirs. S’il prend le parti d’adopter l’esclave, pour réparer quelque perte de sa famille, les chefs lui disent : « Il y a long-temps que nous sommes privés d’un tel, ton parent ou ton ami, qui était le soutien de notre bourgade ; il faut