Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/355

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missionnaires, auxquels on laissa la liberté de l’entretenir : il lui trouvèrent une docilité dont ils surent profiter pour le convertir, et l’ayant instruit, il lui donnèrent le baptême. Peu de jours après il fut brûlé avec plusieurs de ses compagnons, et sa constance étonna les sauvages mêmes. Comme il n’était pas lié, il se crut en droit, malgré sa conversion, de faire à ses ennemis tout le mal dont il était capable. On l’avait fait monter sur une espèce de théâtre, où le feu lui fut appliqué à toutes les parties du corps par un si grand nombre d’ennemis, qu’il ne put leur résister ; mais il parut d’abord insensible. Un de ses compagnons qu’on tourmentait assez près de lui, ayant donné quelques marques de faiblesse, il prit soin de l’animer à la patience, et ses exhortations eurent tant de pouvoir, qu’il eut la satisfaction de le voir mourir en brave. Alors on retomba sur lui avec une fureur qui semblait devoir le mettre en pièces : il n’en parut pas ému ; et ses bourreaux étaient embarrassés à lui trouver quelque endroit sensible, lorsqu’un d’eux s’avisa de lui cerner la peau de la tête et de la lui arracher avec violence. La douleur le fit tomber sans aucune marque de connaissance. On le crut mort, et chacun se retira. Un moment après il revint de cet évanouissement, et, ne voyant plus personne autour de lui, il prit des deux mains un gros tison de feu, rappela ses bourreaux, et les défia de s’approcher. Sa résolution les surprit ; ils poussèrent