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finir une guerre qui devient ruineuse aux deux partis, ou plutôt de suspendre les hostilités ; car on a déjà fait observer que les guerres nationales sont éternelles entre les sauvages, et qu’il faut peu compter sur un traité de paix, lorsqu’un des deux partis recommence à donner de la jalousie à l’autre.

On a parlé des ligues qui se font pour la guerre. Quoique le calumet y serve aussi, son usage, surtout chez les nations du sud et de l’ouest, est plus commun pour les négociations de paix. Il passe pour un présent du soleil. C’est proprement une pipe dont le tuyau est fort long, et dont la tête a la figure de nos anciens marteaux d’armes. Cette tête est ordinairement composée d’une sorte de marbre rougeâtre fort aisé à travailler, qui se trouve en abondance dans le pays des Ajoués. Le tuyau est d’un bois léger, peint de différentes couleurs, orné de têtes, de queues et de plumes des plus beaux oiseaux. L’usage est de fumer dans le calumet quand on l’accepte, et cette acceptation devient un engagement sacré dont tous les sauvages sont persuadés que le Grand Esprit punirait l’infraction. Si l’ennemi présente un calumet au milieu d’un combat, il est accepté ; on doit mettre sur-le-champ les armes bas. Il y a des calumets pour toute sorte de traités. Dans le commerce on n’est pas plus tôt convenu de l’échange, qu’on présente un calumet pour le cimenter. S’il est question de guerre, non-seulement le tuyau, mais les plu-