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cents esclaves, échangés contre différentes espèces de marchandises, telles que des armes à feu, des sabres courbés, avec de belles poignées, des selles de France, des fauteuils de velours, et d’autres meubles ; de la fenouillette de l’île de Rhé, de l’eau de cannelle, du rossolis, etc. Lorsqu’il recevait la visite de quelque blanc, il le faisait défrayer dès l’entrée de ses états, et ses sujets ne pouvaient rien exiger d’un étranger, sous peine d’être vendus pour l’esclavage. Il était toujours prêt à donner audience : à la vérité, on était obligé, pour l’obtenir, de lui faire un petit présent de la valeur de trois esclaves ; mais il rendait toujours plus qu’il n’avait reçu. Ces civilités continuaient jusqu’à ce que l’étranger eût disposé de ses marchandises. Alors si, dans son audience de congé, il demandait au roi un présent pour sa femme, ce prince ne manquait jamais de donner un esclave ou deux marcs d’or. Il mourut en 1705, également regretté de ses peuples et des étrangers.

On remarque avec étonnement dans la rivière de San-Domingo que les caymans, ou les crocodiles, qui sont ordinairement des animaux si terribles, ne nuisent à personne. Il est certain, dit l’auteur, que les enfans en font leur jouet, jusqu’à leur monter sur le dos, et les battre même, sans en recevoir aucune marque de ressentiment. Cette douceur leur vient peut-être du soin que les habitans prennent de les nourrir et de les bien traiter.