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lante, ces anciens monumens de notre barbarie, se retrouvent dans la jurisprudence des Nègres ; et la corruption, qui déshonore si souvent la nôtre, ne leur est pas étrangère.

Deux petits rois, oncle et neveu, tous deux tributaires du damel, étant en contestation pour les droits de leur souveraineté, résolurent de remettre la décision de leur différent au sort des armes ou à la sentence du damel ; et ce prince leur ayant fait défendre les voies violentes, ils furent obligés de venir à celles de l’autorité. Le jour marqué pour leurs explications, ils se rendirent dans une grande place, qui est vis-à-vis du palais royal, tous deux accompagnés d’un nombreux cortége, qui formait deux bataillons armés de dards, de flèches, de zagaies et de couteaux à la mauresque. Ils se postèrent l’un vis-à-vis de l’autre, à trente pas de distance. Le damel parut bientôt à la tête de six cents hommes. Il montait un fort beau cheval de Barbarie, et alla se placer au milieu des deux rivaux. Quoiqu’ils parlassent tous la même langue, ils employèrent des interprètes pour s’expliquer. Le neveu, qui était fils du dernier roi, finit sa harangue en représentant que les domaines contestés devaient lui appartenir de plein droit, puisque le ciel les avait donnés à son père, et qu’il attendait par conséquent de l’équité du damel la confirmation d’un titre qui ne pouvait lui être disputé sans injustice. Après l’avoir écouté fort attentivement, le damel lui répon-