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la jeune femme et ses plaisirs. Mais si la virginité ne se déclare pas par des preuves, le père est obligé, sur la demande du mari, de reprendre sa fille et de rendre les veaux. Cette disgrâce est rare, parce qu’on prend soin d’examiner la fille avant le mariage, et qu’elle n’est demandée qu’après une parfaite conviction : d’ailleurs le malheur d’une fille n’est jamais irréparable ; si elle ne peut demeurer femme de celui qui l’avait épousée, elle devient la concubine d’un autre ; et le père est toujours sûr de trouver des marchands qui la recherchent.

Barbot observe qu’en Afrique, comme en Europe, les goûts sont fort partagés sur ce qui rend une femme aimable. Les uns veulent des vierges d’autres comptent pour rien cette qualité.

Tous les voyageurs conviennent qu’un Nègre peut prendre autant de femmes qu’il est capable d’en nourrir, mais qu’il n’y en a qu’une qui jouisse des privilèges du mariage, et qui ne s’éloigne jamais du mari. Du temps de Jobson, les Anglais donnaient à ces véritables épouses le nom de handwifes, c’est-à-dire, femmes de la main, parce qu’ils les trouvaient sans cesse à côté de leurs maris. Elles sont dispensées de plusieurs travaux pénibles qui sont le partage des autres ; cependant elles ne mangent ni avec leurs maris, ni en leur présence. Jobson parle avec étonnement de la bonne intelligence qui règne entre toutes ces