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privée pendant trois ans du commerce de son mari, du moins si son fruit vit aussi long-temps. Elle le sèvre alors, et reprend ses droits au lit conjugal. L’opinion commune est que le lait des femmes s’altère par le commerce des hommes, et que les enfans en contractent de grandes maladies. Cependant Jobson doute que de vingt femmes il y en ait une qui soit capable d’une si longue privation. Il en a vu soupçonner un grand nombre de manquer à la fidélité de leur état, par la seule raison que l’enfant qu’elles allaitaient ne jouissait pas d’une bonne santé.

Aussitôt qu’un Nègre a rendu le dernier soupir, sa famille donne avis de sa mort au voisinage par des cris aigus et des lamentations qui attirent beaucoup de monde autour de sa cabane. Les cris des assistans se joignent à ceux de la famille. Mais pour les funérailles chaque canton a ses propres usages.

En général, ils y apportent tous beaucoup de formalités et de cérémonie. Un marabout lave le corps du défunt, et le couvre des meilleurs habits qu’il ait portés pendant sa vie. Les parens et les voisins viennent faire successivement leurs lamentations, et proposer au mort, plusieurs questions ridicules. L’un lui demande s’il n’était pas content de vivre avec eux et quel tort on lui a jamais fait ; s’il n’était pas assez riche, s’il n’avait pas d’assez belles femmes, etc. Ne recevant point de réponse, ils se retirent l’un après l’autre, après la même cérémonie.