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Barbot dit que, dans la langue des Nègres du Sénégal, guiriot signifie bouffon, et que le caractère de ceux qui sont distingués par ce nom répond assez à cette idée. Les rois et les seigneurs du pays en ont toujours près d’eux un certain nombre pour leur propre amusement et pour celui des étrangers qui paraissent à leur cour. Jobson observe que tous les princes et les Nègres de quelque distinction sur la Gambie ne rendaient jamais de visite aux Anglais sans être accompagnés de leur djeddis ou de leur musique. Il les compare aux joueurs de harpe gallois. Leur usage est de s’asseoir à terre comme eux, un peu éloignés de la compagnie. Ils accompagnent leurs instrumens de diverses chansons, dont le sujet ordinaire est l’antiquité, la noblesse et les exploits de leur prince. Ils en composent aussi sur les événemens ; et l’espoir des moindres présens leur faisait faire souvent des impromptus à l’honneur des Anglais.

Les guiriots ont seuls le glorieux privilège de porter l’olamba, tambour royal, d’une grandeur extraordinaire dans toutes ses dimensions, et marchent à la guerre devant le roi avec cet instrument, comme autrefois Tyrtée devant les Spartiates. Dans tous les temps on a employé la louange à exciter la valeur.

Les Nègres sont si sensibles aux louanges des guiriots, qu’ils les paient fort libéralement. Barbot leur a vu pousser la reconnaissance