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ne manquent guère le poisson, lorsqu’il s’approche de la lumière. S’ils en trouvent de fort gros, ils les attachent avec une ligne à l’arrière de leur pirogue, et les amènent ainsi jusqu’au rivage.

Les Nègres de la Gambie, du Sénégal et du cap Vert, sont excellens tireurs, quoique la plupart n’aient pas d’autres armes que leurs dards et leurs flèches, qui leur servent à tuer des cerfs, des lièvres, des pintades, des perdrix et d’autres sortes d’animaux. Ceux qui habitent plus loin dans les terres ont beaucoup moins d’habileté pour cet exercice, et n’y prennent pas tant de plaisir. Un facteur français de l’île Saint-Louis au Sénégal eut un jour la curiosité d’aller avec eux à la chasse de l’éléphant. Ils en trouvèrent un qui fut percé de plus de deux cents coups de balles ou de flèches. Il ne laissa pas de s’échapper, mais le jour suivant, il fut trouvé mort à cent pas du même lieu où il avait été tiré. Les Nègres du Sénégal se joignent pour la chasse au nombre de soixante, armés chacun de six petites flèches et d’une grande. Lorsqu’ils ont découvert la trace d’un éléphant, ils s’arrêtent pour l’attendre ; et le bruit qu’il fait en brisant les branches le fait bientôt reconnaître. Alors ils se mettent à le suivre, en lui décochant continuellement leurs flèches, jusqu’à ce que la perte de son sang leur fasse juger qu’il est fort affaibli. Ils s’en aperçoivent aussi à la faiblesse de ses efforts