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Ils n’ont pas d’autres instrumens qu’une petite enclume, une peau de bouc qui leur sert de soufflet, quelques marteaux, une paire de tenailles et deux ou trois limes. Leur indolence paraît jusqu’au milieu du travail ; car ils sont assis, ils fument, ils s’entretiennent avec le premier venu. Comme leur enclume n’a que le pied en terre ou dans le sable, sans aucun soutien pour la fixer, quelques coups la renversent, et le temps se perd à la redresser ; ordinairement ils sont trois au travail d’une même forge. L’unique occupation de l’un est de souffler continuellement. Leurs soufflets sont composés d’une peau de bouc coupée en deux, ou de deux peaux jointes ensemble, avec un passage à l’extrémité pour le tuyau. Ils n’emploient le plus souvent que du bois faute de charbon. Le Nègre dont l’emploi est de souffler se tient assis derrière les soufflets, et les presse alternativement des coudes et des genoux. Les deux autres sont assis de leur côté avec l’enclume au milieu d’eux, et frappent aussi négligemment sur le métal que s’ils appréhendaient de le blesser. Ils ne laissent pas de forger d’assez jolis ouvrages en or et en argent. Ils font des couteaux, des haches, des crocs, des pelles, des scies, des poignées de sabres, de petites plaques pour l’ornement de leurs fourreaux et de leurs étuis, et quantité d’autres petits ouvrages de fer auxquels ils donnent une aussi bonne trempe que les Européens. Ainsi l’on