Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/250

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n’ont pas moins d’égard pour certains jours de la semaine qu’ils regardent comme malheureux ; rien ne serait capable de les leur faire choisir pour une entreprise d’importance. Voilà les superstitions des fameux Romains qui se retrouvent chez les hordes noires. Ces poulets sacrés, qui nous font rire chez les Nègres, ces présages, ces jours malheureux, sont pourtant fort imposans dans vingt endroits de l’histoire romaine, grâce au génie des Tite Live et des Salluste, tant l’éloquence produit d’illusion ! tant le nom de Rome et l’antiquité commandent à notre imagination ! Car, dans le fait, l’appétit des poulets, qui décidait, chez les Romains, du jour d’une bataille, est tout aussi ridicule que la pate de la panthère qui éclipse la lune.

Moore raconte que, pendant tout le temps qu’il passa dans leur pays, ils étaient persuadés que les sorciers avaient répandu des qualités malignes dans l’air et dans les eaux, qu’il ne mourait personne qui ne fût tué par ces ennemis publics, à l’exception d’un misérable qu’il vit enterrer, et que tous les Nègres croyaient tué par Dieu même, pour avoir violé son serment ou son vœu. L’usage des vœux est fort commun dans toutes ces nations. On leur voit porter autour du bras des manilles de fer, pour marque de leur engagement et pour s’en rappeler la mémoire. Celui qu’ils accusaient de parjure avait fait vœu de ne jamais vendre un esclave dont on lui avait