Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/273

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mité de la pointe de Tagrim, pour s’épargner la peine d’en faire le tour dans son canot. Il fut saisi en chemin par un alligator ; mais, ne manquant point de courage, il perça l’animal d’un coup d’épée. Le combat n’en fut pas moins vif, et recommença deux ou trois fois, jusqu’à l’arrivée du canot d’où l’Anglais reçut du secours. Mais il avait les épaules, les fesses et les cuisses cruellement déchirées ; et, quoique ces blessures ne fussent pas mortelles, on ne doute pas que, si le monstre avait été moins jeune, le matelot n’eût péri.

Le pays de Sierra-Leone est si couvert de bois, qu’on ne saurait pénétrer vingt pas sur le rivage, excepté du côté de la rivière ou les bâtimens prennent leur eau. Cependant les Nègres ont des sentiers qui les conduisent à leurs lougans ou plantations. Quoique les champs semés de millet, de riz et de maïs, ne soient pas à plus d’un mille ou deux de leur ville ils servent de promenade ordinaire aux bêtes féroces. Atkins aperçut de tous côtés leurs excrémens. Les Nègres mettent de la différence entre les lougans et les lollas. Les premiers sont des champs ouverts et fort bien cultivés ; mais les lollas, quoique ouverts comme les lougans, demeurent sans culture, et ne servent d’habitations qu’aux fourmis.

Les hommes du pays sont bien faits et n’ont pas le nez tout-à-fait plat. Les femmes ont la taille beaucoup moins belle que les hommes ; mais elles ont le ventre pendant et les mamel-