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vins d’Espagne. Il pétille comme le champagne. Il joint à la douceur une sorte d’acidité qui le rend fort agréable. Il envoie des vapeurs à la tête, et les étrangers qui en boivent trop librement, sans en avoir formé l’habitude, en ressentent de fâcheux effets. Il est trop purgatif, lorsqu’il est fait nouvellement, quoique ce soit alors qu’il ait plus de douceur et d’agrément ; car, dans l’espace d’un jour ou deux, il fermente et devient aussi fort que le vin du Rhin. Les habitans ne se l’épargnent pas dans cette nouveauté, et ne trouvent pas qu’il leur soit fort nuisible. Il n’est véritablement bon que pendant trente-six heures. Ensuite il s’aigrit et s’altère par degrés jusqu’à se changer en vinaigre. À mesure qu’il vieillit, il devient plus capable de communiquer des vapeurs à la tête. C’est un puissant diurétique ; et cette qualité explique fort bien pourquoi les Nègres ne sont pas sujets à la gravelle ni à la pierre. Il fermente avec tant de violence, que, si l’on ne fait beaucoup d’attention aux vases qui le contiennent, il les agite et les brise. Le vin de palmier paraît délicieux à quantité d’Européens lorsqu’il sort du tronc de l’arbre. Les Nègres y mêlent quelquefois de l’eau. Ils assurent que, si l’on en prend à l’excès, il enflamme les parties naturelles.

Leur méthode pour le recevoir du tronc est, comme on l’a déjà dit, de suspendre leur gourde quelques doigts au-dessous de l’incision, pour y faire couler la sève. Ils coupent une