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eu le temps de se rassembler avec des munitions ; ils renouvelèrent leur charge, et le. firent tomber à force de coups. Sa trompe, qui fut coupée aussitôt, était si dure et si épaisse, qu’il fallut plus de soixante-dix coups pour la séparer du corps. Cette opération dut être fort douloureuse pour l’éléphant ; car, après avoir essuyé tant de balles sans pousser un seul cri, il se mit à rugir de toute sa force. On le laissa expirer sous un arbre où il s’était traîné avec beaucoup de peine ; ce qui confirme l’opinion établie parmi les Nègres, que les éléphans, à l’approche de leur mort, se retirent, s’ils le peuvent, sous un arbre ou dans un bois.

Aussitôt qu’il fut mort, les Nègres tombèrent en foule sur son cadavre, et coupèrent autant de chair qu’ils en purent emporter. On trouva que, d’un si grand nombre de coups, il en avait reçu peu de mortels. Quantité de balles étaient restées entre la peau et les os. On cite pourtant l’exemple d’un Anglais qui, tirant un éléphant de son canot sur le bord de la Gambie, le tua d’une seule balle de plomb ; mais cet exemple rare prouverait seulement qu’il y a dans l’éléphant, comme dans presque tous les animaux, tel endroit où la blessure est facilement mortelle. Dans ceux que la nature a le mieux cuirassés, on peut trouver le défaut des armes.

L’éléphant n’est pas moins admirable par sa docilité et son intelligence que par sa gros-