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prennent peu à peu la même voix. Les Nègres mangent leur chair, et la préfèrent à celle de tout autre animal ; mais ils n’apportent aucun soin pour les faire multiplier.

Le guana, qui est une espèce de lézard, est fort commun sur le Sénégal et la Gambie. Il ressemble au crocodile ; mais il est beaucoup plus petit, et sa grandeur est rarement de plus d’une aune. Les Nègres le mangent. Plusieurs Européens, qui en ont fait l’essai, le trouvent aussi bon que le lapin. Barbot rapporte que non-seulement cet animal fréquente les combets ou huttes des Nègres, mais qu’il leur est fort incommode pendant la nuit, et que, dans leur sommeil, il prend plaisir à leur passer sur le visage. On prétend que sa morsure est dangereuse, non qu’il ait une qualité venimeuse, mais parce que l’animal ne quitte jamais prise jusqu’à la mort, et qu’il n’est pas aisé de le tuer par les moyens ordinaires. Cependant l’expérience en a fait découvrir un qui est facile et sans danger. Il suffit de lui enfoncer dans les narines un tuyau de paille. On en voit sortir quelques gouttes de sang, et l’animal, levant la mâchoire d’en haut, expire aussitôt. Ses pieds sont armés de cinq griffes aiguës, qui lui servent à grimper sur les arbres avec une agilité surprenante. S’il est attaqué, il se défend avec sa queue. Quand sa chair est bien préparée, on ne la distinguerait pas de celle d’un poulet, ni pour la couleur ni pour le goût. Les Nègres le surprennent lorsqu’il est