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Ils furent reçus à la porte du palais par plusieurs cabochirs, qui les saluèrent à la mode ordinaire des Nègres du pays, c’est-à-dire, en faisant d’abord claquer leurs doigts, et leur serrant ensuite les mains avec beaucoup d’amitié. Lorsqu’ils eurent traversé la cour, les mêmes seigneurs se jetèrent à genoux près de l’appartement du roi, firent encore claquer leurs doigts, touchèrent la terre du front, et la baisèrent trois fois ; cérémonie d’usage lorsqu’ils s’approchent de leur maître. S’étant levés, ils introduisirent les Anglais dans la chambre du roi, qui était remplie de nobles à genoux ; ils s’y mirent comme tous les autres, chacun dans son poste, et s’y tinrent constamment pendant toute l’audience : c’est la situation dans laquelle ils paraissent toujours devant le roi.

Sa majesté nègre, qui était cachée derrière un rideau, ayant jeté les yeux sur les Anglais par une petite ouverture, leur fit signe d’approcher. Ils s’avancèrent vers le trône, qui était une estrade d’argile de la hauteur de deux pieds, environnée de vieux rideaux sales qui ne se tirent jamais, parce que le monarque n’accorde point à ses cabochirs l’honneur de le voir au visage. Il avait près de lui deux ou trois petits Nègres, qui étaient ses enfans. Il tenait à la bouche une longue pipe de bois, dont la tête aurait pu contenir une once de tabac. À son côté il avait une bouteille d’eau-de-vie, avec une petite tasse d’argent assez malpropre. Sa tête était couverte, ou plutôt liée