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d’Issini. Loyer en vit plusieurs qui s’apprivoisaient parfaitement entre les mains des Français, et qui vivaient de rats et de souris. Elles ont le cri et les autres propriétés des chats. Les endroits qu’elles fréquentent dans les bois se reconnaissent à l’odeur de musc : car, en se frottant contre les arbres, elles y laissent de petites parties de cette précieuse drogue, que les Nègres ramassent et qu’ils vendent aux Européens. On trouve aussi dans les bois quantité de porcs-épics, dont la chair est d’un excellent goût ; des assomanglies qui, ressemblant au chat par le corps, ont la tête du rat, et la peau marquetée comme le tigre. Les Nègres racontent que cet animal est le mortel ennemi de la panthère.

Il y a peu de pays où les singes soient en plus grande abondance et avec plus de variété dans leur grandeur et dans leur figure. On a déjà parlé des plus gros que l’on nomme Barris. Au mois de janvier 1702, le matelot du fort, qui était en même temps le chasseur de la garnison, blessa un de ces gros singes et le prit. Le reste de la troupe, quoique effrayé par le bruit d’une arme à feu, entreprit de venger le prisonnier, non-seulement par ses cris, mais en jetant de la boue et des pierres en si grand nombre, que le chasseur fut obligé de tirer plusieurs coups pour les écarter. Enfin il amena au fort le singe blessé et lié d’une corde très-forte. Pendant quinze jours il fut intraitable, mordant, criant, et donnant des marques continuelles