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elles sont sans cheminée, il y règne toujours une fumée épaisse. Les Nègres s’y couchent sur des nattes ou des roseaux, les pieds contre le feu. Leurs femmes habitent des cabanes séparées, où elles mangent et couchent à part, rarement du moins avec leurs maris. Toutes ces huttes sont environnées d’une palissade ou d’une haie de roseaux, qui forme une cour dont la porte se ferme toutes les nuits. Cette cour et le fond des cabanes, qui n’est que de sable, sont nettoyées dix fois le jour par leurs femmes et les filles, dont l’emploi est d’entretenir l’ordre et la propreté.

C’est une coutume immémoriale parmi les Issinois d’avoir pour chaque village, à cent pas de l’habitation, une maison séparée qu’ils appellent bournamon, où les femmes et les filles se retirent pendant leurs infirmités lunaires. On a soin de leur y porter des provisions, comme si elles étaient infectées de la peste. Elles n’osent déguiser leur situation, parce qu’elles risqueraient beaucoup à tromper leurs maris. Dans la cérémonie du mariage, on les fait jurer par leur fétiche d’avertir leur mari aussitôt qu’elles s’aperçoivent de leur état, et de se rendre sur-le-champ au bournamon.

De toutes les maladies auxquelles ils sont sujets, il n’y en a point de plus épidémique que celle que nous nommons vénérienne ; ils en sont tous infectés plus ou moins : on en voit quelques-uns tomber en pouriture pour avoir