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un homme de bonne réputation, mais versé surtout dans l’art de composer des fétiches. Ils le revêtent des marques de sa dignité, qui consistent dans une multitude de fétiches joints ensemble qui le couvrent depuis la tête jusqu’aux pieds. Dans cet équipage, ils le conduisent en procession par toutes les rues, après avoir néanmoins commencé par lui donner huit ou dix bandes d’or[1] levées sur le public. Un Nègre le précède dans cette marche solennelle, disant à haute voix que tous les habitans doivent apporter quelque offrande au nouvel osnon, s’ils veulent participer à ses prières. On expose à l’extrémité de chaque village un plat d’étain pour recevoir les aumônes. L’osnon est le seul prêtre du pays. Son emploi consiste à faire les grands fétiches publics, et à donner ses conseils au roi, qui n’entreprend rien sans son avis et son consentement ; s’il tombe malade, on lui envoie communiquer les délibérations. Dans une sécheresse excessive, ou dans les temps d’orages et de pluies violentes, le peuple s’écrie qu’il manque quelque chose à l’osnon ; et sur-le-champ on fait pour lui une quête, à laquelle tout le monde contribue suivant ses moyens.

La doctrine de la transmigration des âmes est si bien établie parmi les Nègres d’Issini, que, n’espérant rien de réel et de permanent dans ce monde ni dans l’autre, ils bornent tous leurs vœux à jouir, autant qu’il leur est

  1. Environ cent pistoles de France.