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possible, des richesses et des plaisirs qui leur conviennent. Leur parle-t-on de l’enfer et du ciel, ils éclatent de rire. Ils sont persuadés que le monde est éternel, et que l’âme doit passer dans une autre région, qu’ils placent au centre de la terre, pour y recevoir un nouveau corps dans le sein d’une femme ; que les âmes de cette région passent de même dans celle-ci ; de sorte que, suivant leurs principes, il se fait un échange continuel d’habitans entre les deux mondes. Ils placent le souverain bien de l’homme dans les richesses, dans la puissance, et dans le plaisir d’être servi et respecté.

Le pouvoir du roi est absolu sur les pauvres et sur les esclaves ; mais les cabochirs, surtout ceux qui passent pour riches, et qui ont un grand nombre d’esclaves, sont fort éloignés de cette rigoureuse soumission. Leur dépendance se borne à se rendre aux palavères, c’est-à-dire aux conseils publics, et à secourir le roi de leurs forces, lorsqu’il est question de la sûreté publique. Rien ne ressemble plus à notre ancien gouvernement féodal.

La succession, dans le royaume d’Issini, tombe au plus proche parent du roi, à l’exclusion de ses propres enfans. La loi ne lui permet pas même de leur laisser une partie de ses richesses ; de sorte qu’ils n’ont pour leur subsistance et leur établissement que ce qu’ils ont acquis pendant la vie de leur père. Cependant il les aide pendant son règne à amasser quelque chose pour l’avenir. Il leur fait même apprendre quelque