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art ou quelque commerce qui puisse leur servir après sa mort. Les enfans du roi ne laissent pas d’être respectés pendant qu’il est sur le trône. Ils ont des gardes qui ne cessent pas de les accompagner ; mais à la mort de leur père toute leur grandeur disparaît, et s’ils ne s’attirent quelque distinction par leur mérite et leurs bonnes qualités, ils ne sont pas plus considérés que le commun des Nègres. Leur unique portion consiste dans quelques esclaves. Tout le reste de l’héritage passe au nouveau roi. Au reste, dans les contrées nègres, où la royauté est héréditaire, il est rare qu’elle le soit en ligne directe. Elle appartient le plus souvent au frère du roi, ou au fils de sa sœur. La succession par les femmes leur paraît, non sans raison, plus sûre et plus prouvée que toutes les autres.

Les nobles et les grands de contrée sont distingués, comme on l’a vu, par les titres de brembis et de bahoumets, qui signifie dans leur langue les riches et les commandans. Dans la langue du commerce, qu’on appelle lingua-fianca, on les confond sous le nom de cabochirs ou de capchères, sans que l’origine et le sens de ce mot soient mieux connus. C’est à ces grands qu’appartient le privilége du commerce, c’est-à-dire le droit d’acheter ou de vendre à l’arrivée des vaisseaux de l’Europe. Tout autre Nègre qui serait surpris à trafiquer verrait ses effets confisqués. De là vient que les cabochirs sont les seuls riches, et que tout l’or du pays