Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/307

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nomme Gonsalve ; j’ai déserté du navire la Trinité, quand il eut quitté les Moluques, avec deux autres de mes camarades que les insulaires ont mis à mort, parce qu’ils avaient commis des imprudences. Nous étions dans une île plus au nord, d’où je suis venu dans celle-ci. J’en parle la langue. Accordez-moi mon pardon, au nom du roi, je retourne avec vous. » Il n’eut pas de peine à l’obtenir. Les habitans apportèrent à l’envi du poisson, des cocos, des fruits, et de l’eau douce, en demandant en espagnol des clous et du fer. « Leurs pirogues ou canots, dit le narrateur, sont d’une ou de deux pièces, et portent une sorte de voile latine très-bien tissue. Les hommes vont entièrement nus ; les femmes se couvrent le milieu du corps d’une ceinture de feuilles. Ils adorent les os de leurs ancêtres, qu’ils conservent chez eux dans une espèce de chapelle, où ils les oignent d’huile de coco. Nous ne vîmes dans ces îles aucunes sortes de grains, ni d’autres oiseaux qu’une espèce de tourterelle, dont les insulaires font beaucoup de cas. Ils façonnent le bois avec des cailloux, n’ayant aucune sorte de métal. Ils sont bien faits ; ils s’oignent le corps d’huile de coco. Plusieurs portent la barbe longue. Les femmes comme les hommes se couvrent la tête d’un large chapeau ; leurs armes sont la fronde et des bâtons garnis de l’os du bras d’un homme, dentelé comme une scie. Ce qu’ils estiment le plus, ce sont les écailles de tortue, dont ils font des hameçons et des peignes. »