Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/142

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» Le 26 août 1686, nos bâtimens étant réparés, nous allâmes faire de l’eau dans la vallée de Balderas, sur le continent, parce que l’île en est dépourvue. Celle de cette vallée était saumàtre ; il fallut nous en pourvoir dans une petite baie plus proche du cap Corrientes. Ainsi munis de provisions, nous n’eûmes plus qu’à poursuivre notre expédition pour les Indes orientales, pleins d’espoir d’y être plus favorisés de la fortune que nous ne l’avions été sur la côte septentrionale du Mexique. Nous nous laissâmes aisément persuader de faire le voyage des Indes orientales, parce que nous comptions bien nous dédommager de nos mauvais succès ; mais, pour rendre justice au capitaine Swan, je dois dire que son dessein n’était pas d’aller dans ces régions comme flibustier. Il avait le projet, comme il me l’a souvent assuré lui-même, d’embrasser la première occasion qui se présenterait de retourner en Angleterre ; c’est pourquoi il fit semblant de se rendre au sentiment d’une partie de son équipage, qui avait envié d’aller croiser à Manille, parce qu’il comptait trouver le moyen de quitter le métier de flibustier. »

Cependant, quand l’équipage du capitaine Swan eût plus sérieusement considéré la longueur du chemin du lieu où l’on était aux îles Mariannes, la plupart de ses gens furent presque rebutés d’un tel dessein. « Nous n’avions pas pour soixante jours de vivres, continue Dampier, à ne donner à chacun qu’un peu plus