Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourraient nous saisir ; et, pour ne pas manquer leur coup, les uns marchèrent du côté du rivage, tandis que les autres occupèrent les dunes. Nous savions par l’aventure du matin qu’ils n’étaient pas très-légers à la course ; c’est pourquoi un jeune nomme fort dispos, qui était avec moi, n’en eut pas plus tôt vu paraître quelques-uns qu’il courut après eux. Ils s’enfuirent d’abord ; mais quand il les eut atteints ils firent volte-face pour le combattre. Il n’était armé que d’un coutelas. Il eut de la peine à leur résister ; car ils avaient tous des lances de bois. En même temps j’en poursuivais deux autres qui s’étaient approchés du rivage ; mais, craignant que mon jeune homme ne fût trop exposé, je revins sur mes pas. On le serrait de très-près. Aussitôt que je parus, un des sauvages me décocha sa lance, qui ne me manqua de guère. Je tirai un coup de fusil en l’air pour les épouvanter. Ils ne tardèrent pas à se remettre de leur frayeur, et se mirent à secouer les bras, en criant pouh, pouh, pouh, et à presser mon jeune homme. Le péril qu’il courait, et que j’allais partager, me fit penser qu’il n’y avait pas un moment à perdre pour notre salut commun. Je rechargeai donc mon fusil, et je le tirai sur un de ces malheureux, que le coup étendit par terre. Les autres, le voyant abattu, cessèrent le combat, et mon jeune homme profita de l’interruption pour venir me rejoindre. L’autre matelot qui m’avait accompagné était resté simple spectateur, par-