Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/163

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portée de la voix. Les naturels nous parlèrent : nous ne comprîmes ni leur langage ni leurs gestes. Nous leur fîmes signe de venir à bord ; je le leur dis en malais ; ils ne le voulurent pas ; cependant ils vinrent si près de nous, que nous pûmes leur faire voir les objets que nous avions à leur donner en troc ; ils ne se rendirent pas à cette démonstration, nous firent signe d’aller à terre, et s’éloignèrent. Je les suivis dans la pinasse, où je fis mettre des couteaux, de la verroterie, des miroirs, des haches. Quand nous fûmes près du rivage, je les hélai en malais ; je ne vis d’abord que deux hommes, les autres étaient en embuscade derrière les buissons ; mais je n’eus pas plus tôt jeté à terre quelques couteaux et d’autres bagatelles, qu’ils sortirent tous, mirent bas leurs armes, et s’avancèrent dans l’eau à côté de la pinasse, en faisant des signes d’amitié qui consistaient à prendre de l’eau dans une main et à se la verser sur la tète. Le lendemain, après midi, plusieurs canots vinrent à bord, et nous apportèrent quantité de racines et de fruits que nous achetâmes.

» Cette île est nommée Poulo Sebouda par les naturels. Elle est très-fertile en bananes, cocos, orangers, papayes, patates et autres grandes racines, sagou, fruits à pain aussi gros que les deux poings d’un homme. J’y achetai aussi des muscades dans leur brou ; elles paraissaient fraîchement cueillies ; mais les naturels ne voulurent pas me dire où ils se les