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gravé une ancre et un câble, et au-dessous la date de l’année 1642. À peu de distance nous découvrîmes un lieu propre à mettre par tous les temps nos gens à l’abri. Plusieurs y vinrent, et se logèrent dans des creux de rochers. Les chèvres, les crabes de terre, les frégates, les paille-en-cul et les boubies leur fournissaient une bonne nourriture, et l’air y était extrêmement salubre.

» Une semaine après notre arrivée dans cette île, les matelots, qui avaient choisi cette nouvelle habitation, vinrent m’annoncer qu’ils avaient vu deux bâtimens se diriger vers la terre. Je leur ordonnai de tourner une vingtaine de tortues, pour que les vaisseaux qui arriveraient les trouvassent prêtes ; mais, avant le lendemain matin, ils étaient hors de vue. Il n’en parut pas d’autre jusqu’au 2 avril. Alors onze voiles passèrent sans s’arrêter ; le lendemain, quatre bâtimens vinrent mouiller dans la baie ; c’étaient des vaisseaux de guerre. Je m’embarquai sur l’Anglesea. Il me conduisit à la Barbade ; j’y pris mon passage avec plusieurs de mes officiers sur un navire marchand, et j’arrivai heureusement en Angleterre.»

Ce voyage , pendant lequel Dampier avait eu souvent des démêlés avec quelques-uns de ses officiers, fit connaître que ce navigateur, doué d’un rare talent d’observation, ne possédait pas les qualités propres au commandement. L’insubordination qui régnait à bord du Roe-Bue, nuisit au succès de l’expédition. Sans