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nir aucune part de leur pêche. Il semblait que leur vice dominant fût la paresse, et qu’ils ne fussent occupés de leur subsistance que pour la durée de chaque jour. Ils regardaient avec beaucoup d’attention le travail des Anglais, sans se mettre en peine de les aider. Leurs armes sont l’arc et la flèche, dont ils tuent des oiseaux au vol. Leurs arcs sont d’un bois simple, inconnu aux Anglais, et garnis d’une corde de fil d’herbe d’environ sept pieds de long. Leurs flèches ne sont que de petites cannes, armées d’os de poisson bien affilés. La plupart de leurs couteaux et des instrumens qui leur servent à tailler sont composés de dents de requins. Rogers vit deux ou trois grosses perles à quelques-uns de leurs colliers. Ses gens trouvèrent dans leurs courses des pierres fort pesantes qui brillaient beaucoup, et qu’ils prirent pour quelque minéral. Il regretta qu’ils n’en eussent point apporté à bord. L’eau de la baie est excellente, et le fenouil marin y croît en abondance ; mais on ne voit point d’oiseaux extraordinaires.

Les deux vaisseaux, accompagnés du galion qu’ils avaient pris, ne quittèrent point le port de Ségura avant le 12 janvier 1710. Leur navigation fut pénible jusqu’à l’île de Guam, où ils n’arrivèrent que le 12 mars. Après y avoir pris des vivres, ils remirent à la voile le 21 ; et, se fiant aux lumières de leur premier pilote à qui cette route était familière, ils prirent par le détroit de la Nouvelle-Guinée, qu’ils passè-