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bord jusqu’à Bude, dont les Turcs étaient maîtres à cette époque, et ensuite jusqu’à son embouchure dans la mer Noire ; il continua par mer sa route jusqu’à Constantinople. La peste ne tarda pas à le faire sortir de cette ville. Cubero prit la route de Transylvanie, puis entra en Pologne. Jean Sobieski, récemment élu roi de ce pays, lui donna une lettre de recommandation pour Chah Soliman, roi de Perse, et une autre pour le czar de Moscovie. Il fut présenté à ce prince qui était Ivan Vasilievitz, frère aîné de Pierre 1er. et partit avec un ambassadeur qu’il envoyait en Perse.

Cubero alla par eau jusqu’à la fameuse ville d’Astracan ; « voyage, s’écrie-t-il, aussi lointain que curieux, et que jamais, à ce que je crois, aucun Espagnol n’a fait. » Les Cosaques, les Baschkirs, les Kalmouks, s’offrirent à ses regards dans les vastes steppes qui bordent les deux rives du Volga. Il a décrit avec exactitude ces déserts, de même que ceux de la Perse. Ce fut à Derbent, ville de ce royaume, qu’il arriva par mer, et suivit l’ambassadeur russe à Casvin, où le shah résidait alors. Ce prince, auquel il remit les lettres dont il était chargé pour lui, l’accueillit avec bienveillance, et le fît même revêtir d’un kalaat ou habit d’honneur. Cubero alla par Ispahan, Schiras et Laar à Bender-Abassi ; il y fut bien reçu par Pérot, consul de France, qui lui procura une barque pour le conduire à Bender-Congo, où il trouva une flotte portugaise prête à faire voile ; elle