Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’eau simple. Le biscuit est celui du roi dans lequel il fallait avaler un grand nombre de petits insectes dont il était rempli. Les jours maigres, l’ordinaire était un poisson rance, à moins qu’on n’eut pris assez de cachoretas pour en distribuer à tout l’équipage. On présentait un potage d’une espèce de petites fèves, si pleines de vers, qu’on les voyait nager sur le bouillon. À la fin du dîner on accordait un peu d’eau et de sucre, mais en si petite quantité, qu’elle irritait la soif au lieu de servir à l’apaiser.

D’un autre côté, Gemelli plaint ceux qui s’engagent à tenir des tables, parce que la longueur du voyage les force à cette économie. Ils dépensent des milliers de piastres à faire les provisions nécessaires de viandes, de poules, de biscuit, de riz, de confitures, de chocolat, et d’autres alimens, en si grande quantité, que depuis le premier jour du voyage jusqu’au dernier, on a toujours à table, deux fois chaque jour, des confitures et du chocolat, dont les matelots consomment autant que les plus riches passagers. Tous les vivres se corrompent, à l’exception du chocolat et des confitures, qui sont d’un secours extrême pour tout le monde.

Il fait une vive peinture des transports de joie que tout le monde fit éclater à la fin d’un pénible voyage qui avait duré deux cent quatre jours et cinq heures. Au milieu des embrassemens et des félicitations, il voulait savoir des pilotes combien il avait fait de lieues et de de-