Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/214

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maisons étaient composées de terre et couvertes de bois ; elle contenait environ douze mille habitans, qui vivent de leur travail dans ces horribles abîmes. On ne compte pas moins de mille mines dans l’espace de six lieues ; les unes qui sont abandonnées, d’autres où l’on s’exerce sans relâche, et d’autres qu’on tient en réserve ; mais ces dernières sont visitées secrètement par quantité d’Américains qui dérobent le métal. Depuis peu de jours la terre en avait enseveli quinze, qui avaient eu la hardiesse d’y descendre par une ouverture fort étroite.

» On me conduisit de cette mine à celle qui porte le nom de la Trinité, parce qu’elle en renferme trois, qui se nomment Campechiana, Soga et Pignol ; mais quoique les trois bouches soient différentes, elles conduisent toutes trois à la même veine. Plusieurs personnes dignes de foi, qui en connaissaient parfaitement la richesse, m’ont assuré que depuis dix ans on en avait tiré quarante millions de marcs d’argent, par le travail continuel de mille ouvriers. Lorsqu’on fut arrivé à huit cents pieds de profondeur on trouva tant d’eau, qu’il fallut employer seize malacates pour la vider, et la seule dépense du bois pour empêcher les éboulemens de terre fut estimée à vingt mille piastres. Mais le temps y a rendu le travail si dangereux, qu’on n’en tire presque plus rien, et qu’on s’est déterminé à fermer les principales ouvertures.