Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/235

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fort brun, grand et robuste, d’une physionomie heureuse, paraissait vif et gai. Il parla beaucoup, fit des gestes gracieux ; nous n’y comprîmes rien. On lui donna un verre de vin ; au lieu de le boire, il se le jeta au visage, ce qui nous surprit beaucoup. On l’habilla comme nous, on lui mit un chapeau, tous ces vêtemens l’embarrassaient ; on lui donna aussi à anger. Il ne savait se servir ni de cuillère, ni de fourchette, ni de couteau. La musique se fit entendre ; alors son visage montra de la gaîté ; chaque fois qu’on le prit par la main, il se mit à danser et à sauter. Il parut nous quitter à regret, leva les mains, et tourna les yeux vers l’île en s’écriant de toute sa force, odorroga, odorroga ; puis il rentra dans sa pirogue.

» Nous demeurâmes sur la rade toute la nuit ; le lendemain au point du jour, nous mouillâmes dans une baie au sud-ouest de l’île. Des milliers d’insulaires accoururent sur le rivage, plusieurs avec des poules et des racines, d’autres couraient de tous côtés. Ils allumaient du feu aux pieds de leurs idoles. Nous ne pûmes aborder ce jour-là. Le lendemain au lever de l’aurore, nous les vîmes prosternés le visage tourné vers le soleil qui allait sortir du sein de la mer ; plusieurs feux étaient allumés, peut-être pour honorer les idoles.

» Au moment où nous allions descendre, l’insulaire qui nous avait déjà rendu visite revint à bord avec d’autres, et nous apporta