Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/250

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étions éloignés. Ce trajet nous fut très-funeste par les maladies, qui nous enlevaient par jour au moins un homme ; de sorte qu’il était à craindre qu’à la fin il ne restât plus assez de monde pour gouverner les deux vaisseaux. Il fut question un instant d’en brûler un ; mais plusieurs considérations empêchèrent de prendre ce parti : on réfléchit entre autres que, si l’un des deux se perdait, il nous resterait du moins la ressource de l’autre pour nous sauver.

» Il serait difficile d’exprimer le triste état auquel nous étions réduits par les maladies et la corruption des vivres, lorsqu’enfin nous aperçûmes les côtes de la Nouvelle-Bretagne. La joie que nos malades ressentirent en apprenant cette bonne nouvelle fut inexprimable. Il est certain que, si nous eussions été obligés de tenir la mer encore quelque temps, nous eussions tous fini de la manière la plus affreuse et la plus triste. »

On envoya les canots chercher à terre de l’eau et des vivres frais ; mais les habitans, qui étaient en grand nombre sur le rivage, témoignèrent d’abord par leurs gestes le peu de plaisir qu’ils éprouvaient de l’arrivée des Hollandais ; ensuite ils firent pleuvoir sur eux une grêle de flèches, de lances et de pierres ; mais ils ne blessèrent personne, et à leur tour ils essuyèrent une décharge de mousqueterie qui les dispersa. Les Hollandais songèrent moins à les poursuivre qu’à gagner la terre pour faire leur eau, lorsqu’un ouragan jeta leurs canots