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à Gilolo, ils allèrent à cette île, puis à Bourou, à Bouton et à Batavia. Ce fut dans ce port que les agens de leur compagnie des Indes orientales se montrèrent moins humains que quelques-unes des peuplades sauvages que Roggeween avait visitées ; et, abusant du droit du privilége exclusif pour la navigation et le commerce dans les mers d’Asie, saisirent, confisquèrent et vendirent à l’encan deux vaisseaux auxquels un amiral de leur nation, à travers tous les hasards d’une mer inconnue, avait fait parcourir la circonférence du globe pour substituer, s’il était possible, à des notions confuses quelques connaissances moins incertaines. L’amiral, ses officiers, tous les compagnons de ses longues fatigues et de ses dangers, faibles restes de nombreux équipages que le scorbut avait dévorés, furent arrêtés, incarcérés, renvoyés en Europe comme des criminels ; ils arrivèrent au Texel le 11 juillet 1723, et cinq jours après devant Amsterdam, précisément le même jour auquel ils étaient sortis de ce port deux ans auparavant.

La compagnie des Indes occidentales intenta un procès à celle des Indes orientales ; et comme il fut prouvé que l’amiral Roggeween, uniquement occupé de découvertes maritimes, n’avait ni voulu ni pu porter atteinte à la charte de celle-ci, elle fut condamnée à réparation, restitution et à tous dommages, qui furent réglés au gré de la Compagnie d’Occident.