Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/272

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pendant ses souffrances ne firent qu’augmenter, non-seulement par le scorbut, qui causa de cruels ravages parmi ses gens, mais encore par les plus facheux obstacles de la navigation, qui lui firent manquer d’abord l’île de Socoro, premier rendez-vous ; ensuite la hauteur de Valvidia, où le second rendez-vous avait été marqué. Il fait une triste peinture de sa situation jusqu’au 9 de juin, qu’il découvrit à la pointe du jour l’île de Juan Fernandès. Il avait perdu soixante-dix à quatre-vingts hommes : il manquait d’eau, et le reste de son équipage était si affaibli par la maladie et le travail, qu’il ne lui restait pas dix matelots en état de faire le service.

La vue de la terre fut un spectacle charmant pour les malades. Comme il fallut côtoyer l’île à quelque distance pour trouver la baie, qui est au côté septentrional, l’impression que firent sur eux des vallées charmantes par leur verdure et par les sources dont elles sont remplies, ne peut être représentée. Quoiqu’ils y eut dans l’île une grande abondance d’excellentes plantes, ceux qui furent envoyés d’abord à terre n’ayant pas eu le bonheur d’en trouver assez tôt, se hâtèrent d’apporter à bord de l’herbe commune ; cet aliment fut dévoré avec une avidité incroyable. On mouilla le lendemain dans la baie ; et dès le même jour on découvrit une voile qu’on reconnut bientôt pour le Tryal, un des vaisseaux de la flotte. Il