Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/275

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n’avait pas été moins maltraité que celui du chef d’escadre.

Après les soins qui furent rendus aux malades, la première occupation de ceux qui jouissaient d’un reste de santé fut de reconnaître toutes les parties de l’île pour se mettre en état d’en faire une description un peu détaillée. Anson, qui rapportait toutes ses vues à l’utilité de la navigation, avait appris par sa propre expérience combien ces lumières étaient importantes ; car son incertitude sur la vraie position de l’île la lui avait fait manquer le 15 mai, lorsqu’il en était fort proche. Il s’en était éloigné pour retourner mal à propos vers l’est, et cette erreur lui avait coûté la perte de quantité d’hommes.

Il fit examiner soigneusement les rades et les côtes, avec ordre de ne négliger aucune observation.

La partie septentrionale de l’île est montagneuse et boisée ; le terrain y est léger, et si peu profond, qu’on y voit souvent mourir ou tomber par le moindre choc de grands arbres qui manquent de racines. Un matelot de l’équipage, parcourant une montagne à la chasse des chèvres, saisit un arbre qui était à la pente, pour l’aider à monter ; l’arbre cédant, il roula de la montagne ; et, s’étant accroché dans sa chute à un autre arbre d’une grosseur considérable, qui fut déraciné comme le premier, il fut écrasé par le choc des rochers.

La partie méridionale est sèche, pierreuse et