Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/277

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terre n’y demande que d’être un peu remuée, pour se couvrir presque aussitôt de navets et de raves. Anson, qui s’était pourvu d’une grande variété de semences potagères, et de noyaux de différentes sortes de fruits, fit semer des laitues, des carottes, et mettre en terre des noyaux de prunes, d’abricots et de pêches. Ce soin ne fut pas inutile, du moins à l’égard des fruits. Il apprit dans la suite que, depuis son passage, on avait découvert dans l’île un grand nombre de pêchers et d’abricotiers, qu’on n’y avait jamais vus jusqu’alors.

Les bois, dont la plupart des montagnes escarpées sont couvertes, étaient sans broussailles qui en fermassent le passage ; et la disposition irrégulière des hauteurs et des précipices, dans la partie septentrionale, contribuait par cette raison à former un grand nombre de belles vallées, arrosées de ruisseaux, dont la plupart formaient des cascades de différentes formes. Dans quelques-unes, l’ombre des bois voisins, l’odeur admirable qui en sortait, la hauteur des rochers qui paraissaient comme suspendus, et la quantité de ces cascades, dont l’eau était fort transparente, composaient ensemble un séjour aussi délicieux qu’on en connaisse peut-être sur la terre. Achevons cette description dans les termes de l’auteur. « Ce qu’il y a de certain, dit-il, c’est que la simple nature surpasse ici toutes les fictions de la plus riche imagination. Il n’est pas possible de représenter par des paroles la beauté du lieu où