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sière. Ensuite ils avaient été désarmés, en arrivant au Callao ; et les prisonniers ajoutèrent qu’en quelque temps qu’on apprit à Lima l’arrivée des Anglais dans ces mers, il se passerait au moins deux mois avant que le vice-roi pût rétablir son escadre.

Ces éclaircissemens étaient d’autant plus favorables que l’équipage du Centurion, ayant trouvé à son débarquement dans l’île de Juan Fernandès quelques monceaux de cendre, des restes de poissons, des jarres fraîchement brisées, et d’autres traces récentes du séjour des Espagnols, il ne put douter que, s’il était arrivé quelques jours plus tôt dans celte île, il n’y eût rencontré ses ennemis ; et dans l’état où ses fatigues l’avaient réduit, cette rencontre aurait été fatale non-seulement au Centurion, mais encore au Tryal, au Glocester et à la pinque l’Anne, qui étaient venus séparément. Les Espagnols du Carmel, ayant appris à leur tour ce que les Anglais avaient souffert, parurent fort surpris qu’ils eussent pu résister à tant de maux. Ils furent conduits avec leur bâtiment dans la baie de Juan Fernandès. Leur étonnement redoubla lorsqu’ils y virent le Tryal à l’ancre. Ils s’imaginèrent d’abord qu’il avait été construit dans l’île, et leur admiration tomba sur l’adresse des Anglais, qui avaient été capables, après tant de fatigues, et dans un espace si court, non-seulement de réparer leurs autres vaisseaux, mais d’en construire un de cette forme. Ensuite, apprenant qu’il était venu