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de résistance, l’Aranzanu, vaisseau espagnol de six cents tonneaux. Il y avait trouvé à peu près la même charge que celle du Carmel, à l’exception de l’argent, qui n’excédait guère la valeur de cinq mille livres sterling. Mais la joie de cette victoire était troublée par le malheur qu’il avait d’être démâté et de faire eau de toutes parts. Il n’y avait point d’espérance de pouvoir le radouber en pleine mer, et les conjonctures ne permettaient pas d’aller perdre du temps dans un port. Anson prit le parti de le détruire, et de faire passer l’équipage et les munitions à bord de l’Aranzanu, qu’il nomma la prise du Tryal. Ce vaisseau que le vice-roi du Pérou avait armé plus d’une fois en guerre, fut destiné à servir de frégate. Elle se trouva montée de vingt pièces de canon, en y comprenant les douze qui étaient à bord du Tryal.

Dans les grandes vues du chef d’escadre, on ne se promettait pas moins que d’intercepter tous les vaisseaux employés au commerce entre le Pérou et le Chili, au sud ; et entre Panama et le Pérou, au nord. Mais, suivant la réflexion de l’auteur, « les arrangemens les mieux concertés n’emportent avec eux qu’une grande probabilité de succès, et ne vont jamais jusqu’à la certitude, parce que les accidens, qui ne peuvent entrer dans les délibérations, ont souvent la plus grande influence, sur les événemens. »

La fâcheuse aventure du Tryal, et la néces-