Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/303

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hommes et trois femmes, nés tous de parens espagnols, et trois esclaves noires qui servaient les femmes. L’auteur fait valoir avec raison la vertu des officiers anglais, surtout, dit-il, dans la disposition où devaient être naturellement des gens de mer, qui, depuis près d’un an, gardaient une continence forcée. Ces trois dames étaient une mère et ses deux filles, dont l’aînée pouvait avoir vingt un ans, et la cadette quatorze. Elles furent excessivement alarmées de se voir entre les mains d’un ennemi que les anciennes violences des flibustiers et la différence de la religion leur faisaient envisager avec horreur. La beauté singulière de la plus jeune des deux filles devait augmenter leurs craintes : aussi s’étaient-elles cachées lorsque les vainqueurs étaient passés sur leur bord, et ce ne fut pas sans peine qu’elles se laissèrent engager à sortir de leur retraite. Cependant un des lieutenans du Centurion les rassura bientôt par ses politesses. Le chef d’escadre, informé de cet événement, ordonna qu’elles resteraient à bord de leur vaisseau, et dans l’appartement qu’elles avaient occupé jusqu’alors, où elles ne cesseraient pas d’être bien servies, avec défense de leur donner le moindre sujet de peine. Il permit même, pour assurer l’exécution de ses ordres, et pour leur donner le moyen de se plaindre, si quelqu’un était capable d’y manquer, que le pilote espagnol, qui est considéré dans cette nation comme la seconde personne d’un vaisseau, demeu-