Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/304

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rât près d’elles avec la qualité de garde et de protecteur. Il donna cette commission au pilote, parce qu’on avait cru s’apercevoir qu’il prenait un intérêt fort vif à la sûreté des trois dames : il s’était même donné pour le mari de la plus jeune ; mais on sut bientôt, par le témoignage des prisonniers, et dans la suite par d’autres circonstances dont le récit n’est que différé, qu’il n’avait pris cette qualité que pour les mettre plus sûrement à couvert des outrages dont il les croyait menacées. Ce généreux procédé du commandant dissipa toutes les frayeurs des trois prisonnières.

Les quatre vaisseaux se joignirent pour tourner ensemble le cap du nord. À de latitude méridionale, ils commencèrent à se voir entourés de bonites et de poissons volans, les premiers qu’ils eussent vus depuis leur départ des côtes du Brésil. C’est une singularité remarquable, que, sur les côtes orientales de l’Amérique méridionale, ils s’étendent à une latitude beaucoup plus avancée que sur les côtes occidentales du même continent ; car on ne les perd de vue, sur la côte du Brésil, qu’en approchant du tropique méridional. Il paraît certain que cette différence vient des différens degrés de chaleur, dans la même latitude, des deux côtés de ce vaste continent.

Le 10 novembre, à trois lieues au midi de l’île la plus méridionale des Lobos, les Anglais se saisirent, sans combat, de la Notre-Dame-del-Carmen, qui avait à bord qua-