Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/307

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saine, et l’on prétend même qu’en serpentant dans des bois de salsepareille, elle s’imprègne des vertus de cet arbre. Outre ces commodités, le port de Païta est un lieu de débarquement pour les passagers qui vont d’Acapulco et de Panama à Lima. Comme il est à deux cents lieues du Callao, qui sert de port à cette capitale du Pérou, et que la route par mer ne se fait presque jamais qu’avec un vent contraire, on aime d’autant mieux prendre la terre, qu’il y a sur la côte un chemin assez commode, où l’on trouve des villages et des gîtes.

Païta est une ville ouverte qui n’est défendue que par un fort. Anson avait appris de ses prisonniers que le fort était muni de huit pièces de canon, mais qu’il n’était fermé que d’un mur de brique, sans fossé, sans ouvrages extérieurs, sans rempart, et qu’il n’avait pour garnison qu’une compagnie très-faible. On ajoutait, à la vérité, que la ville pouvait armer trois cents hommes ; mais, comme le dessein du chef d’escadre était d’employer la surprise, il ne désespéra point d’emporter la place dès la nuit suivante. Ses vaisseaux étaient à douze lieues de la côte, distance qui les assurait de n’être pas découverts, et qui n’empêchait pas qu’en forçant de voiles ils ne pussent arriver dans la baie avec la nuit. Cependant sa prudence lui fit juger qu’ils étaient trop gros pour n’être pas aperçus même dans les ténèbres, et qu’à cette vue les habitans alarmés ne manqueraient pas de transporter leurs meilleurs effets