Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/311

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les bagues, les bracelets, etc. , étaient d’une valeur qu’il est difficile de fixer. D’ailleurs le pillage particulier n’est pas compris dans ce compte. L’auteur, embarrassé à fixer la somme, se réduit à confesser que ce fut le plus grand butin que les Anglais eussent fait sur cette côte.

Mais ils ne détruisirent pas moins de richesses par la résolution qu’ils prirent de brûler la ville, à l’exception des deux églises qui se trouvaient heureusement séparées des maisons. L’ordre en fut ponctuellement exécuté. On remplit en différens jours plusieurs édifices de la poix et du goudron dont les magasins étaient bien fournis. Le feu prit avec tant de violence, et l’action en fut si générale et si prompte, que tout l’art des hommes n’aurait pas été capable de l’arrêter. Une bonne partie des effets qui furent consumés par les flammes étaient des draps fins, des soieries, des batistes et d’autres marchandises. On encloua le canon du fort, et cinq vaisseaux qui étaient dans le port furent coulés à fond après qu’on eut coupé les mâts. Pendant cette exécution, les habitans, rassemblés sur une hauteur, firent plusieurs fois mine de vouloir attaquer la ville et le fort ; mais leur courage se refroidit jusqu’à n’oser soutenir la vue des Anglais.

Le chef d’escadre, satisfait de la fidélité des deux pilotes espagnols, ne balança point à leur accorder le prix de leurs services. Il y avait parmi les prisonniers plusieurs personnes de considération, entre lesquelles on avait distin-