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naissance au chef d’escadre. Un jésuite qui paraissait fort considéré des Espagnols ne pouvait se lasser de lui exprimer la sienne. Il marqua surtout une haute admiration pour la conduite qu’on avait tenue à l’égard des dames.

L’auteur termine ce récit par des réflexions fort sensées. « La manière, dit-il, dont les Espagnols peuvent penser de notre nation n’est pas une chose indifférente. Leur estime nous importe peut-être plus que celle de tout le reste du monde. Le commerce que nous avons fait avec eux, et que nous pouvons faire encore, est non-seulement fort considérable, mais il est d’une nature toute particulière, qui exige de part et d’autre de l’honneur et de la bonne foi. » Ainsi Anson joignait une considération politique à son propre penchant, qui le portait à ne pas traiter avec dureté ceux que le sort des armes livrait entre ses mains.

Mais pourquoi brûler Païta ? demandera-t-on aux apologistes et aux admirateurs d’Anson.

Pendant l’expédition de Païta, le Glocester avait continué de croiser avec tant de succès, qu’il s’était saisi de deux bâtimens espagnols, l’un chargé de vins, d’eau-de-vie, d’olives en jarres, et d’environ sept mille livres sterling en espèces ; l’autre n’était qu’une grande barque, dont la charge consistait en coton. L’escadre, ayant remis en mer le 26, rencontra, dès le jour suivant, le Glocester avec ses deux prises. Les prisonniers de la dernière avaient déclaré d’abord qu’ils étaient très-pauvres, et les An-