Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/340

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prenait aisément à la course. La chair en est bonne et facile à digérer. On n’avait pas plus de peine à prendre la volaille, qui est aussi d’un excellent goût ; à peine s’éloignait-elle de cent pas du premier vol, et cet effort la fatiguait jusqu’à ne pouvoir s’élever une seconde fois dans l’air. Les Anglais trouvèrent dans les bois une grande quantité de sangliers qui furent pour eux un mets exquis ; mais ces animaux étaient si féroces, qu’il fallut employer, pour les prendre, de grands chiens qui étaient venus dans l’île avec le détachement espagnol, et qui étaient déjà dressés à cette chasse. Elle fut sanglante : les sangliers, pressés dans leur retraite, se défendirent si furieusement, qu’ils déchirèrent plusieurs chiens.

Loin de trouver de l’exagération dans le récit du sergent espagnol, les Anglais admirèrent l’abondance de cocos, de goyaves, de limons et d’oranges dont les bois étaient remplis. Le fruit à pain, qui porte le nom de rima dans ces îles, leur parut préférable au pain même. Outre ces fruits, l’île avait des melons d’eau, de la menthe, du pourpier, du cochléaria et de l’oseille, que les Anglais dévorèrent avec l’avidité que la nature excite pour ces rafraîchissemens dans ceux qui sont attaqués du scorbut. Deux grands lacs d’eau douce offraient une multitude de canards, de sarcelles, de corlieux, et de pluviers sifflans.

Il doit paraître étrange qu’un lieu si favorisé du ciel soit entièrement désert, surtout à si