Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/353

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Depuis plus de deux ans que les Anglais étaient en mer, c’était la première fois qu’ils se voyaient dans un port ami, et dans un pays civilisé, où ils pouvaient se promettre toutes les commodités de la vie et tous les secours nécessaires à leur vaisseau.

La rivière de Canton, seul port de la Chine qui soit aujourd’hui fréquenté par les Européens, est un lieu de relâche plus commode que Macao ; mais les usages de la Chine, à l’égard des étrangers, n’étant établis que pour des vaisseaux marchands, Anson craignait d’exposer la compagnie anglaise des Indes à quelque embarras de la part du gouverneur de Canton, s’il prétendait en être traité sur un autre pied que les commandans des navires de commerce. Cette considération, qui l’obligeait de relâcher à Macao, le porta aussi à députer un de ses officiers au gouverneur portugais pour lui demander ses avis sur la conduite qu’il devait tenir avec les Chinois. La principale difficulté regardait les droits qu’on fait payer à tous les vaisseaux qui entrent dans la rivière de Canton, impôt qui se règle sur la grandeur de chaque bâtiment. Dans tous les autres pays du monde, un vaisseau de guerre est exempt de cette servitude, et le chef d’escadre anglais se faisait un point d’honneur de ne pas s’y soumettre à la Chine.

Deux officiers portugais, qui revinrent le soir avec le député d’Anson lui dirent de la part du gouverneur qu’il ne fallait pas espérer